Psychiatrie, Psychanalyse, Neurosciences affectives, ICV.... : harcèlement, psychotraumatismes, carences affectives précoces, burn out...


Nouvel essai de Frank Bellaiche, psychiatre, psychanalyste:
Psymulacres,Visages de la perversion

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                   Mes réflexions d'ordre clinique se sont portées depuis plusieurs d'années vers la prise en considération de la réalité contextuelle externe, interactive, ou relationnelle, "réalité" usuellement laissée pour compte ou appréciée de manière des plus prosaïques.  L'étude habituelle, redondante, des cas célèbres de Freud, de Dora au petit Hans, ou à Schreiber, etc... encore largement diffusée dans les enseignements didactiques, s'est avérée pécher par sa clôture et la mise à l'écart de ce qui pouvait géner une transmission devenue stérilisante, car grosse de ses caviardages, inapte à faire sens, sur un mode qui ne soit pas, disons, seulement "hégelien" et censuré pour les besoins de la cause... Une forme esthétisante de rationalité discursive semblait chargée de faire cas, de manière suréclairante du... cas et constituer son terminus ad quem interpretatif dans le cadre spéculatif imparti. La révision de ces cas princeps, notamment par les tenants de la self-psychology, et d'autres analystes ou critiques d'horizons distincts,  aura été tout à fait décisive.

               Pour reprendre à E. Lévinas, c'est autrement qu'être, au-délà de l'essence, au delà des fameuses "structures"et des labels définitifs supposés éclairants sur "l'intériorité psychique", sur cette prise quasi ontologique visant un être supposé, illusion substantialiste moderne - vers l'Extériorité, que mon attention s'est portée...  De ce point de vue, un détour préalable par l'ethnopsychiatrie aura été ...initiatique. Sortir de soi... sachant que le Soi est toujours déjà en relation avec l'autre et qui n'est pas que l'Autre du - langage... et que l'inconscient langagier semble aujourd'hui avoir quelque plomb dans l'aile.

               La notion de traumatisme, qui cristallise éminemment cette extériorité tout comme la crise de la clinique contemporaine, à tel point que venus de nulle part, tout le monde s'empare de ce signifiant, jusqu'à en récupérer illusoirement des bénéfices peu propices à innover... a été remise au centre du jeu psychopathologique aux Etats-Unis depuis l'aube des années  90 avec les travaux de J. Herman (1992). Cette notion est en train de contraindre à une mutation sans égal des théories psychopathologiques jusqu'ici dominantes comme des approches thérapeutiques, et aura un impact important sur la perception novatrice qu'elle engendrera dans le regard social et notamment par ricovhet dans le monde judicaire et éducatif. 

             Agressions, harcèlement moral, maltraitances en tous genre, attentats, abus sexuels, incestes, grande détresse sociale ou économique, et même covid (!)  :  l'exercice d'une déclinaison plurielle et généralisée d'une violence diffuse, qu'elle soit humaine ou non humaine, qui  promeut son lot de perturbations - neurobiologiques - et mentales de type traumatique:  la guérison ne saurait plus venir "de surcroit" selon l'adage lacanien... Le divan ne suffit plus. Le débriefing pas davantage, les antidépresseurs encore moins.  Pourtant l'on peut à présent avoir l'audace de ré-évoquer le terme de guérison qui était devenu malséant, trop "médical", et propice aux parades paraphilosophiques : ... "guérit-on de soi même ou de l'existence?" . Revival, donc  mais à certaines conditions...  Comme l'exprimait sans fard, assez crânement, lors d'un séminaire  en 2016  E. Gentry, un des pointures américaines en vue dans le domaine de l'anxiété, reprenant rien de moins que la célébère formule de Karl Marx : "les psychanalystes n'ont fait jusqu'ici qu'interpréter le monde (psychique), nous allons le transformer."

                 Sensibilisé par ailleurs, depuis les années 90, aux théories de PC  Racamier, psychiatre et analyste,  à l'origine de la notion très clinique de "perversion narcissique",  et son groupe de travail, et aussi d'A. Eiguer,  ou encore d'A. Miller sur la maltraitance sur les enfants à travers notamment ce qu'elle appelle la pédagogie noire :  perspectives qui toutes trois insistent sur la prise en compte de la "realité" concrète des interactions gouvernées par une violence traumatogène, je me suis intéressé dans cette veine aux travaux sur le narcissisme, outre-atlantique et c'est assez logiquement que j'ai exploré toute une "littérature" émanant de divers courants théoriques anglo-saxons, en marge de la psychanalyse officielle, ipéiste ou lacanienne, notamment le champ de la séminale  self psychology américaine qui a reconsidéré très tôt la place des problématiques narcissiques dans l'éclosion du mal-être contemporain, en y soulignant la part décisive de -l'extériorité- et comme le reprendra dans un sillage  plus accusé, R. Stolorow dans sa critique de la conception du mythe de l'isolated mind,  pour m'initier finalement aux conceptualisations et aux approches cliniques novatrices  issues de la relational psychoanalysis (S. Mitchell, L. Aron, I. Z.Hoffman, Ph. Bromberg), psychanalyse post-lacanienne et derridiennement orientée (L. Aron),  aujourd'hui paraissant dominante dans les pays anglo saxons et qui m'a paru apporter un courant d'air frais sur un corpus quelque peu anémié et tributaire de querelles d'écoles  sans grand intérêt,  et qui dans ses orientations chaotiques et anti-dogmatiques, incite à une critique sans concession révérentielle ou religieuse, pour telle ou telle figure d'autorité et pour telle théorie inamovible : ainsi va le post freudisme et le post lacanisme - ouvert et " falsifiable" - au pays d'Hemingway.  

              J'ai donc prété attention à ce qui pouvait émaner dans divers courants actifs de la psychanalyse américaine en suivant finalement un filon presque "généalogique" qui m'a conduit à atterrir sur les rivages  qui m'étaient jusqu'alors peu familiers des théoriciens contemporains de l'attachement, des experts en psychotraumatologie, jusqu'aux fondateurs de la neurobiologie interpersonnelle... 

                 Et la mutation évoquée et le programme annoncés d'année en année, s'opèrent en plusieurs étapes, et vont de pair avec les avancées dans divers domaines cliniques et de recherche. 

                        - Nous assistons ainsi depuis la fin des années 90, par exemple, à la réémergence de la notion  de dissociation, issue du rival de Freud, Pierre Janet, et qui tend aujourd'hui à éclipser  la notion de refoulement longtemps mise en avant pour rendre compte du mode opératoire particulier de l'inconscient psychique, et cette notion théorisée par d'autres de manière exhaustive, impose également une modification drastique dans la manière avec laquelle il est désormais requis d'écouter les personnes en demande. La notion d'empathie naguère défendue par H. Kohut, est quant à elle, devenue transversale à quantité d'approches psychothérapiques qui n'ont parfois plus rien de psychanalytiques, mais parait à présent faire consensus et sceller de nouvelles "évidences". La prise en compte du langage ou de la verbalisation qui fut la marque de fabrique des approches psychothérapiques et de l'analyse au XXe siècle, parait, elle, tempérée par la mise en exergue de l'affect, des émotions  à la "source du fonctionnement mental" selon D. Siegel, et de la corporalité jusqu'alors exclue de la scène thérapeutique. Ce que clame aussi depuis longtemps et encore  dans son dernier ouvrage le philosophe et neuroscienfique Antonio Damasio (2017). 

                     -  Il en résulte une modification substantielle des modalités d'écoute et d'interaction avec l'autre, requérant un "accordage" ou un 'attunement" entre les "cerveaux droits" du  psychothérapeute et du patient, entrant en résonance, phénomène de synchronisation (A. Schore, 2019), décisif pour engager un processus de transformation et d'intégration...sur le mode inhérent aux processus et aux relations d'attachement sécure qualifiant les interactions parents-enfants propices au développement neurobiologique, relationnel et mental de l'enfant. On ne parle pas, on n'explore pas, on ne peut dérouler un récit de soi cohérent à travers une exploration de sa vie psychique, si l'on n'est pas justement quelque peu "sécurisé" à travers le -lien- qui se construit avec le thérapeute.  Il apparait d'emblée que le lien avec un thérapeute pervers, ou dénué d'empathie, n'a évidemment aucun sens... Cela impose une écoute et une implication affective, émotionnelle, inconsciente, d'une bien autre configuration que "l'écoute" flottante privilégiée durant près d'un siècle dans le champ analytique et qui imprima aussi évidemment sa marque sur "l'écoute" en psychiatrie/médecine : -froideur, "neutralité", distance, silence, mise à distance de l'affect, allant jusqu'à parfois jusqu'à une forme de mépris, qui du reste trouva ses légitimations théoriques !....Ce qui a largement été interrogé par les analystes des mouvements intersubjectivistes, postmodernes, ou relationalistes, intégrant et poussant même à leurs limites, les audaces d'époque du génial trublion que fut S. Ferenczi. 

                  - Il apparait de plus, que la plasticité cérébrale autorise - ce que l'on ne pouvait supposer avant, et quels que soient les malfaçons des liens d'attachements primaires et des traumas rencontrés, - des changements et des modifications décisives des liens d'attachements, et donc de profonds aménagements  dans les representations de soi et de l'autre (IWM - Internal Working Models de J. Bowlby), de la confiance en soi et en l'autre, de l'estime de soi, et de la possibilité de pouvoir avoir une meilleure régulation émotionnelle. Dans le cadre des théories de l'attachement, l'apport de l'américain A. Schore qui a mené des recherches exhaustives dans le champ de la neurobiologie interpersonnelle ( appelées aussi neurosciences affectives), aura été très stimulant. Dans ce même sillage  D. Siegel (dont les traductions d'ouvrages grand public, commencent à être disponibles en français depuis 2017) et  L. Cozolino notamment  m'ont frayé un chemin de crête jusqu'à P. Pace, fondatrice de la Lifespan Integration Therapy  (ICV en français : Integration du Cycle de Vie) dont les "effets thérapeutiques rapides" qui semblent tout à fait saisissants et n'ont rien  à voir avec ce qui serait de l'ordre de la "suggestion", s'appuient explicitement  (même en dehors de toute référence psychanalytique), sur les travaux de l'école schorienne dont le projet reste de redonner une base "scientifique" ou épistémologique à la psychanalyse, qui ne soit pas du semblant..., reprenant ainsi le projet de Freud dans l'Esquisse pour une psychologie scientifique : construire ce que l'on a appelé neuropsychanalyse.

 

 ...En complément de ma formation médicale et spécialisée en psychiatrie, notamment en Bourgogne et en région parisienne dans des services hospitaliers (FFPH et Assistant Spécialiste), mon "cursus" aura comporté :

 
  • Une analyse "freudienne" pendant plusieurs années avec un membre titulaire de la SPP (Société Psychanalytique de Paris)
  • Un cursus d'anthropologie (Université Paris 7)
  • Un DEA (devenu Master 2) en psychologie clinique (Université Paris 8) sous la direction du Pr Tobie Nathan (ethnopsychiatre)
  • Des tranches de supervision régulières
  • Une activité journalistique : direction d'une revue destinée aux psychiatres de 1999 à 2003 (rédacteur en chef d'Abstract Psychiatrie)
  • Une activité éditoriale régulière dans Abstract Psychiatrie
  • Une activité éditoriale sur le site www.psythere.free.fr (articles,entretiens, et infos diverses)
  • La rédaction d'articles ou collaboration à des articles pour des ouvrages collectifs, ou des revues spécialisées.
  • Une formation en ICV (2020)

 

Ainsi particulièrement investi et sensibilisé depuis plus d'une vingtaine d'années sur ces domaines très particuliers,

  • Psychotraumatismes,
  • Troubles de la personnalité résultant de carences affectives précoces
  • Harcèlement moral/sexuel,
  • Violences conjugales,
  • Manipulations et mécanismes d'emprise,
  • Burn out (épuisement professionnel),
  • Souffrance au travail

 

                    Les séances ont lieu : -en présentiel, -en visio ou encore - par téléphone.

                    Je travaille si nécessaire, en partenariat, avec certains avocats spécialisés sur certains de ces domaines pour accompagner les personnes en souffrance, dans leur dédale judiciaire.

 

 Dr Frank BELLAICHE  -  juin 2021
*Membre de l' IARPP (International Association for Relational Psychoanalysis and Psychotherapy)
**Membre de l'IAPSP
  (International Association for Psychoanalytic Self Psychology).